Hommage à Edmond LECLANCHÉ
Hommage rendu à Edmond LECLANCHÉ lors de l’inauguration de la place Leclanché à DAVAYAT le samedi 29 avril 2023.
Monsieur le Maire, M. le sous-préfet, Madame la Députée, M. le Sénateur, Mesdames et Messieurs les représentants des collectivités territoriales, Madame la présidente du comité d’union de la résistance d’Auvergne, chère Sophie Leclanché, Chers Amis,
La vie est une quête dont la richesse résulte des rencontres et des partages.
Nous sommes nombreux à garder un souvenir impérissable d’Edmond. Nous étions fiers d’avoir ce passionné, cet amoureux de la vie, ce Héros de la résistance Auvergnate à nos côtés.
Merci infiniment M. Le Maire d’avoir initié ce temps de reconnaissance, ce moment du souvenir et de l’inscrire dans l’ADN de votre commune en donnant le nom de cette place à un homme d’exception. Ce que fut Edmond.
Je voudrais souligner, en saluant les Cadets de la Résistance et leur Choeur, combien cet instant est un temps fort pour moi, notre communauté sportive et bien au-delà, en trois étapes.
– Au plan personnel,
Je ne puis oublier ces moments privilégiés avec Calixte Delmas et Edmond.
Je garde en mémoire d’Edmond sa personnalité si chaleureuse et si attachante. Homme de cœur, il était doté d’une grande force d’âme et il vouait une passion sans mesure à la Lutte en particulier. Avant tout il respectait son prochain mais il n’a jamais aimé les imitations, ni les faux semblants. Il était un homme direct, rigoureux et authentique. J’ai en mémoire ces temps de recueillement devant la stèle en l’honneur de son frère cadet CAMILLE, grand résistant, exécuté par les nazis en mars 1944 à l’âge de 22 ans.
Dans ces moments douloureux de notre histoire, des femmes et des hommes se sont mobilisés, cette armée des ombres, au service d’un idéal, une lutte morale et politique contre le nazisme, la dictature, le racisme et la déportation. Ils vivront sous la menace permanente des arrestations… Et l’un des chefs de combat évoquera dans ses mémoires « ses vingt mille heures d’angoisse ».
Edmond, avec humilité et dignité, sublimait les valeurs de solidarité, d’entraide et de fraternité pour construire un monde meilleur. Son regard valait souvent plus que le verbe. Je pense qu’il m’a appris qu’il y avait parfois des silences plus éloquents que des propos !
Je salue ici sa fille Sophie, qui est présente avec son fils Lucien, et son petit-fils Marius, pour leur exprimer toute la profonde affection que nous portons à la famille Leclanché.
– Au plan de la Nation,
Edmond fut un homme d’engagement, attaché à son terroir, soucieux de préserver les valeurs de la République et déterminé à défendre sa Patrie. Dans les moments les plus douloureux pour notre Pays, la famille LECLANCHE (Camille, Edmond et Simone) a pris toutes ses responsabilités au péril de leur vie au service de la France.
Le combat d’Edmond et de tous ses compagnons fut celui de l’ange contre la bête. Combat éternel du Bien et du Mal. Combat sans fin, ni frontières, que nous poursuivons obstinément en faveur de l’Homme, de la paix, de la justice et du progrès. 3
Comme le disait si bien un philosophe, « la terre appartient à ceux de ses fils/filles qui savent la défendre jusqu’à mourir si nécessaire pour elle…et il est normal qu’ils en aient un morceau pour l’éternité ».
Edmond était surnommé TONIO au sein des réseaux de la résistance. Il intègre le 1er corps franc d’Auvergne début 1943, après avoir été démobilisé de l’armée française. Il a toujours été pour nous une référence pour son parcours, sa droiture et son charisme, et il aura tant fait pour notre liberté.
Après la remise de la rosette par Raymond Aubrac à Edmond, en présence de Serge Godard, pour lequel j’ai une pensée chaleureuse, le 9 octobre 1999, à laquelle j’avais été convié, je garde en mémoire avoir écrit à Madame Raymonde Fraisse, Secrétaire générale des mouvements unis de la résistance et maquis d’Auvergne, je cite : « ce fut une grande journée pour un petit jeune comme moi, qui restera à jamais gravée au plus profond de moi-même ; il y eut un temps fort du souvenir pour que ma génération et celles qui suivront n’oublient jamais que notre liberté... Nous vous la devons ».
– Au plan sportif,
Edmond fut actif dans bien des domaines. Le sport était une passion ancrée en lui.
La communauté de la Lutte, dont je fus le Président de la Fédération de 1992 à 2008, ne peut oublier l’éminent Lutteur qu’il fut, tout comme le talentueux arbitre national et international par la suite.
Je croise à l’instant les regards de Daniel Emelin, Vice-président de la Fédération, Robert Ait Braham, Président du Comité d’Auvergne de Lutte, Patrice Mourier (champion du monde à Clermont-Ferrand en 1987, champion d’Europe et 3 JO à son actif) qui s’associent à moi, au nom de la Fédération, pour honorer Edmond. 4
+++La Lutte fut sa passion et il y excella avec talent :
Il fut licencié au Stade Clermontois (1931-1947) et à l’ASM (1947-1981).
- Champion d’Auvergne dès 1946 et maintes fois par la suite.
- 10 fois finalistes des championnats de France respectivement en 73kg, puis en 79 Kg.
- 6 sélections internationales
- 5ème aux Jeux mondiaux Gréco à MOSCOU en 1957
- Plusieurs fois champion de France par équipes.
+++ Il fut également arbitre national et international de 1961 à 1982
- A ce titre, il a participé aux JO de MEXICO en 1968, ce qui est la marque de reconnaissance sportive à l’international la plus aboutie de ses qualités exemplaires.
- Aux championnats du monde de Lutte de SOFIA, de LAUSANNE et de GÖTEBORG.
Humaniste dans l’âme, il a toujours servi loyalement les nobles causes. Il était doté d’une grande sensibilité et de beaucoup d’humanité, derrière cette force tranquille du guerrier.
Il incarnait à mes yeux une formule de Cicéron « il n’y a rien dans tout ce que j’ai reçu de la fortune ou de la nature que je puisse comparer à l’Amitié ».
Un clin d’œil de l’histoire, M. le Maire, entre la passion sportive d’Edmond, la Lutte, dont les premières représentations apparaissent sur des tablettes d’argile de l’époque sumérienne datant de quelque 3500 ans AVJC et votre commune qui connut les premières implantations humaines 5000 ans AVJC, ……Et dont le nom de DAVAYAT vint bien plus tard du nom d’un chef gallo-romain DAVAIUS. 5
…Un parfum de Lutte régnait déjà sur ces terres depuis leurs origines ! Au service des nobles causes j’imagine ! A l’image d’Edmond le Combattant…
Vous avez, M. le Maire, le plus important Menhir d’Auvergne sur DAVAYAT, dressé il y a plus 5000 ans, dénommé « pierre du Tombeau » en lien avec la mythologie Gauloise dont le Dieu guerrier, chef de la tribu, était TEUTATḜS.
Je pense que notre regretté Edmond, qui fut un Menhir de la Fraternité avec ce sens aigu du Devoir, constitue un exemple, pour toutes les générations, véhiculant comme la flamme d’Olympie une permanente lumière d’espérance en l’avenir. Si le Menhir a vocation de servir de repère, alors cette Place est celle de l’Histoire (avec un grand H) !
M’inspirant de Paul ELUARD, je conclurai mon propos dans un cadre poétique :
« Par le pouvoir d’un mot,
Je recommence ma vie,
Je suis né pour te connaître,
Pour te nommer
….. … LIBERTE
Par Devoir de mémoire,
En hommage au courage,
D’un Lutteur qui aimait son Pays,
A l’infini,
……… RECONNAISSANCE
J’écris sur cette place avec fierté et respect ton nom EDMOND LECLANCHḔ, Ami Lutteur pour l’Eternité ».
Je vous remercie de votre attention.
Jean Michel BRUN.