Bonjour Valentin, peux-tu nous en dire plus sur toi ?
Je suis nutritionniste à l’INSEP et j’interviens notamment auprès des lutteuses et lutteurs. Je travaille également avec d’autres disciplines (cyclisme, escrime, natation, pentathlon, foot…), qui ont des besoins et des approches de la nutrition totalement différentes.
C’est selon moi très enrichissant, car je suis observateur de différentes cultures et méthodes de travail. Cela me permet de mieux réfléchir à ce qui marche ou pas, et ensuite partager ces expériences avec les disciplines et athlètes dont j’assure le suivi. J’ai suivi également une formation pour devenir cuisinier. Certaines fédérations me sollicitent pour animer des ateliers cuisine ou suivre les équipes de France lors de stages et compétitions. Ces missions me permettent de mieux connaître les athlètes et les encadrements, de mieux comprendre leurs problématiques et le contexte dans lequel ils évoluent. Je m’efforce de transmettre des messages concrets et individualisés, en rapport avec les contraintes rencontrées quotidiennement. C’est aussi un bon moyen de montrer qu’en prenant le temps de cuisiner, avec des produits de qualité, on peut manger de manière équilibrée tout en se faisant plaisir.
En quoi consiste la Mission Nutrition de l’INSEP ?
J’appartiens à la Mission Nutrition qui est composée de nutritionnistes et d’une chercheuse. Nos actions sont variées.
Nous travaillons, par exemple, avec les plus jeunes sur des choses simples et pratiques afin d’ancrer un comportement alimentaire équilibré et bénéfique à leurs performances. C’est un travail, à long terme, sur leur bien-être.£
Nous travaillons aussi, bien-sûr, sur des problématiques purement liées à la haute performance. Les demandes et le suivi deviennent de plus en plus précis, individualisés, périodisés.
L’alimentation doit répondre aux besoins du moment de l’athlète (stage intensif, repos/blessure, stage en altitude, mise au poids, prise de muscle…) et être en phase avec les planifications des encadrements nationaux.
Des conseils nutritionnels sont évidemment donnés au quotidien pendant les phases d’entrainement, mais il ne faut pas perdre de vu la finalité : programmer l’alimentation pour la compétition pour y être performant.
Une fois que tout a été optimisé pendant la préparation, l’alimentation en compétition permet d’aller chercher les derniers % nécessaires pour accéder à la haute performance.
Quelles sont les problématiques que tu rencontres avec les lutteuses et lutteurs ?
La lutte impose un contrôle régulier du poids. Cela peut représenter une difficulté chez certain(e)s en termes de gestion sur le long terme. On sait que les pertes de poids à répétition vont fatiguer l’organisme (physiquement et mentalement) et fragiliser l’athlète (immunité, blessures…). C’est important de ne pas trop s’écarter d’une tolérance de 3 à 5% du poids visé en dehors des objectifs pour ne pas avoir de gros efforts à fournir avant la compétition et continuer d’optimiser sa préparation (et donc progresser) jusqu’au dernier moment. C’est une problématique de maintien d’un poids de corps.
En lutte, il y a plusieurs « combats » : celui d’arriver au poids à la pesée (en état de forme !) et ceux le jour de la compétition. Il ne faut pas se tromper d’objectifs, être au poids doit servir la performance.
En jouant sur certains paramètres les jours précédents l’épreuve (hydratation, réserves énergétiques, transit) de manière précise, anticipée et calculée, la mise au poids peut se faire sans de trop grande restriction. L’athlète sera en pleine possession de ses capacités physiques et mentales le jour J.
Quels conseils généraux donnerais-tu à de jeunes lutteurs ?
Il est nécessaire, pour les plus jeunes, d’être patients et de rester sérieux à l’entrainement, en respectant des comportements de bon sens (alimentation, hydratation, hygiène de vie,…). Le corps va s’étoffer au fur et à mesure des années, il n’est pas utile de forcer les choses plus que de nature (musculation, compléments alimentaires…). Enfin, avant d’être performant il faut être en bonne santé ! Pour cela, l’activité physique, l’alimentation et la gestion des émotions sont bénéfiques.
Pour résumer, le plaisir avant tout : à l’entrainement, dans l’assiette et au quotidien.
Une recette simple de boisson de compétition par Valentin :
- 2/3 d’eau
- 1/3 de jus de fruit (privilégier cranberries ou raison, éviter les agrumes
- 1 pincée de bircabonate de sodium ou de sel
Et n’oubliez pas, l’eau c’est du bon poids (newsletter 1) !